N’aie pas l’air surpris si je te dis que tu fais peur à voir Aekyel. Tu as décidé sur une base volontaire d’être tel que tu es présentement : semblable à un monstre. Certes, je sais que tu ne comprends pas le problème chez toi. Quand tu te regardes dans le miroir, le soir, tu n’y vois rien d’autres qu’une personne en tous points réglementaire. Comme si ton cerveau oubliait volontairement les lentilles, les piercings ou les tatouages à profusion. Ton corps est une toile que tu as décidé de transformer en œuvre d’art. Tu l’as couvert de ton excentricité sans jamais penser à demain et tu en subis désormais les conséquences… Mon petit Aek, tu n’as certainement pas choisi l’apparence qui te sied le plus…
Tu souffres. Tu souffres d’être incompris. Tu sais que le monde extérieur te rejette, mais tu n’en comprends pas l’origine. Tu as tellement à donner à tous ces gens qui t’excluent de leur quotidien, de leur vie… Tu le sais bien : Tu serais le premier à affronter les flammes d’un incendie pour sauver le magicarpe d’une gamine si on te le demandait. Tu ne désires qu’une chose : être accepter. Tu n’as rien fait pour les mériter. Tu n’as jamais agis comme le monstre qu’ils prétendent que tu es… Ça te fait du mal de les entendre hein? Toi qui s’émerveille devant les détails insignifiants, comme un gamin qu’on aurait placé dans le corps d’un adulte… Tu es quelqu’un de bien et ils l’ignorent tous.
Tu es mignonne. Ou mignon selon les points de vue. Pas du tout féminine, mais jolie. Tu as un visage aux traits agréables à regarder et de jolis cheveux qui rappellent l’hiver à Unys… Mais tu ne vois rien de tout ça. Tu ne vois que les défauts, les yeux sanguinolents ou l’absence de poitrine là où mère nature en avait posé une. Toi qui, autre fois, était très féminine, tu n’es rien de plus que l’ombre de toi-même désormais : un garçon manqué. Des vêtements amples, des vêtements pour homme, des vestons… Et cette excentricité, présente sur ton corps sous la forme de fils rouges qui te parcourent entièrement. Comme un vêtement te collant obstinément à la peau.
Tu es celle qui, secrètement, rêve de tout oublier. Tu es porteuse d’un fardeau trop lourd que même tes sourires ne peuvent plus masquer. Mais tu gardes la tête haute. A jamais, tu as promis de toujours cacher ta tristesse derrière tes plus beaux sourires. Il vaut mieux en rire qu’en pleurer, non? Es-tu vraiment honnête avec toi-même? Tu détestes cette vie, tu te raccroches au moindre instant de bonheur comme si c’était le dernier et tu essaies d’octroyer aux autres cette joie que tu ne possèdes plus. Et tu souris. Toujours, sans cesse, tu accompagnes les uns et les autres dans leurs délires, tu rigoles, parfois bruyamment, tu profites des quelques plaisirs que l'on t'offre et surtout… tu apprends à vivre.