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 Concours de Coordination n°32 - Le temps

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Wint'Ice
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Wint'Ice


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MessageSujet: Concours de Coordination n°32 - Le temps   Concours de Coordination n°32 - Le temps I_icon_minitimeSam 5 Nov - 20:41

Le signal de départ est momentané, mais suffisamment tapageur pour franchir toute la salle et se rendre, même faiblement, jusqu’aux oreilles du public installé tout au fond. Répondant au claquement amplifié de tes doigts, le rideau s’ouvre doucement jusqu’à dévoiler les innombrables secrets qu’il dissimulait en son sein…

C’est maintenant que le plaisir commence.

Il se manifeste d’abord sous l’aspect d’une immense horloge grand-mère dont l’apparence trompeuse fait croire que sa construction est de bois et que son utilité est tangible. Mensonge. Concrètement faite de carton, seule ton aide indispensable en arrière-scène permet aux heures d’évoluer… Malgré quoi, elle reste immobile face aux spectateurs. Comme figée dans le temps, elle donne le désagréable sentiment d’être brisée, enrayée... L’heure n’est pas arrivée. Ses deux aiguilles, la plus grande et la plus petite, sont toutes deux dirigées vers le haut, en direction de cet instant si distinct qu’évoque midi.

Baissant les yeux vers le pied du corps central de la prestation, on remarque alors un œuf. Largement plus gros que ceux que les dresseurs ont tendance à voyager au travers le pays, la coquille faite de carton et peinturée de tâches vertes atteint facilement le demi-mètre. C’est une jolie pièce originale et habilement construite. Elle intrigue incontestablement…

DONG-DONG

Une heure sonne.

Sitôt, le contenu de l’œuf commence à s’emporter dans sa geôle naturelle. Il suffit de voir la boîte ronde remuer et tressauter à intervalles irréguliers pour comprendre que son contenu se débat furieusement à l’intérieur, cherchant désespérément à se frayer un passage vers la lumière du jour. Vers cette première heure sur laquelle s’entame son existence. À son tour, il veut vivre.

Enfin, l’œuf s’ouvre d’une grande incision.

Des griffes acérées saisissent les bordures de l’ouverture pour les écarteler davantage comme on lacère un vulgaire morceau de tissu ou un simple bout de papier. La scène pourrait presque paraître horrifique en d’autres circonstances : les bruits sont tels qu’une bonne oreille distingue sans embarras le son froid et net du déchirement de la coquille. Le contenant dans lequel reposait jusqu’à présent le corps de la chose n’oppose pas la moindre résistance face à cette libération soudaine. Son manque de fermeté pourrait sans doute être interprété comme une invitation à la fuite… Sans doute est-ce le cas.

Enfin, il récolte le fruit de son dur labeur. Ses efforts sont loin d’être vains puisque le Massko enfermé dans l'oeuf ne tarde pas à passer sa tête dans l’ouverture qu’il a engendrée… Il semble perdu, complètement déboussolé par ce monde inédit. Manifestement intrigué, son regard reptilien parcourt le public, s’arrêtant sur chacun des invités assit dans la première rangée. Un éclat de curiosité vient illuminer ses iris.

C’est la première heure. La naissance.

DONG-DONG…

L’horloge avance. Deux heures… Yggdrasil, fraîchement né, apprend à marcher. Il rejette en bloc la coquille qui le protégeait des violences externes puis grimpe sur ses deux pattes. Ses pas sont maladroits, il se débrouille difficilement, mais semble comprendre assez rapidement la meilleure façon de procéder. C’est l’enfance. Le début de la vie.

DONG-DONG…

Très vite, trois heures sonnent… À l’écoute de cette troisième tonalité, le visage du Massko change brusquement. Son corps se braque, se tend comme la corde d’un arc et son dos se voûte. Ses traits évoquent une frustration dont il est difficile de saisir la provenance. Elle semble originaire de nulle part. Passablement énervé, le pokémon plante se retourne soudainement en direction de l’horloge puis saisit juste à côté une canne de peinture en spray. Chaque pore de sa peau dégage en bloc une inconfortable aura de rébellion. Il suffit de le voir se mouvoir pour reconnaître dans sa démarche la fausse assurance des adolescents en quête d’identité.

Sitôt, il ouvre la canette puis commence à écrire sur l’horloge. Le graffiti qui résulte de sa colère est esthétiquement répréhensible et maladroit, mais le message passe avec une clarté cassante : « F*ck the Rules ». Se retournant vers le public, il brandit fièrement l’arme de son crime. Quelque chose dans cette manifestation de sa colère contre le monde entier le satisfait. Son visage exprime à la fois un contentement malsain et une irritation sourde.

C’est la crise de l’adolescence.

DONG-DONG…

Les quatre heures se manifestent enfin. De ce fait, le Massko s’empresse de jeter derrière lui l’arme d’une époque révolue puis saisit plutôt un chapeau de graduation et une pile de cartons. Il semble heureux. Satisfait. Loin derrière sont la colère et la rébellion. Il semble enfin avoir trouvé son chemin comme l’indique le chapeau noir qui orne fièrement le haut de son crâne.

Derrière lui, un tissu blanc s’étire doucement derrière l’horloge. Il n’y accorde aucune attention. Au lieu de quoi, il place son poing devant sa bouche comme s’il s’apprêtait à réciter un grand discours puis tourne le premier carton face au public.

« J’ai enfin réussi. Aujourd’hui, je suis devenu diplômé de la plus grande université Unysienne. »

Sur le tissu blanc sont réécrits en plus gros les mots qu’il tente de communiquer à son public. De cette manière, tout le monde peut lire le contenu du carton même s’ils ne sont pas dans la première rangée. Après avoir vérifié d'un regard que tout le monde a bien eu le temps de lire, le jeune adulte change de feuille. Derrière lui, l’écran affiche la nouvelle phrase transmise.

« Je souhaite devenir un illustre écrivain désormais… Mais je n’ai pas encore acquis l’expérience nécessaire à la réalisation de mon rêve… »

Son visage se terni légèrement suite à cette phrase. Sa satisfaction semble laisser place à un mécontentement fugace. Il est déçu. Déçu de ne pas pouvoir mener son rêve à terme.

« Ça peut bien attendre non ? … j’ai le temps. »

DONG-DONG…

Sur le coup de cinq heures, le jeune adulte dépose son chapeau et ses cartons. Comme à chaque heure, son visage change. À chaque nouveau passage de son existence, son expression se mue pour se calquer aux sentiments dominants l’étape. Cette fois-ci, il semble épuisé. Complètement exténué. Se dirigeant vers le côté de la scène, il s’empresse d’attraper le cabaret que quelqu’un dans les coulisses lui tend avant qu’une sonnette à l’opposé du plateau ne l’appelle. Les hauts parleurs de la salle se mettent à cracher les bruits de dizaines de conversations impossibles à discerner, comme si l'on se trouvait en plein coeur d'un restaurant achalandé.

En proie au stress, Yggdrasil se précipite à la rencontre de ce nouveau client sous-entendu, mais à peine a-t-il le temps d’arriver que le même tintement l’apostrophe de l’autre côté. Calepin et plateau en main, il déglutit.

S'il avance de prime abord vers ce nouveau consommateur quémandant ses services, il ne termine cependant pas sa course. Au lieu de quoi, il s'arrête au niveau de l’horloge. Il halète difficilement, visiblement en proie à une souffrance encore plus grande. Ses yeux se ferment.

C’est à cet instant qu’il ou elle apparaît dans son dos. On ne voit d’abord qu’une bille bleue dans l’obscurité. Celle-ci, stationnée près de l’horloge, lévite en silence autour du corps central de la prestation. Cela dure quelques secondes puis, tout doucement, on commence à distinguer son masque fissuré au travers l’obscurité. Même s’il tente de se dissimuler dans la noirceur, le spectre passe difficilement inaperçu. Son gage de mauvais présage est omniprésent et sa fascination pour l’horloge suffit à provoquer un sentiment inconfortable dans la salle.

Ignorant la présence du fantôme derrière lui, le Massko rouvre les yeux puis fixe le sol. Les bras ballants, il donne le sentiment d’avoir été vidé de son énergie et ses espoirs. Derrière lui, l’écran affiche une nouvelle phrase.

« J’ai le temps »

DONG-DONG…

Yggdrasil ne bouge pas. Six heures se fait entendre au travers la salle et, pourtant, il n’esquisse pas le moindre geste. Il n’évolue plus. Quelques secondes meurent sans que rien ne se passe. Cabaret entre les mains, il finit néanmoins par prendre une grande inspiration. Comme s’il tentait de se convaincre lui-même du bien-fondé de sa tâche. De gratter un peu de positivisme dans ce quotidien redondant et épuisant. Il se motive puis relève son gagne-pain tout en jetant un coup d’œil autour de lui. La pause est terminée. Il doit se remettre au travail maintenant. C'est la vie active. Il doit vivre.

Esquissant un pas vers la gauche, il s’arrête néanmoins brutalement. Comme si une mouche l’avait piquée au vif. Il crispe alors une main sur son cœur.

Derrière lui, Agape, ton Skelenox, est désormais parfaitement visible. Traînant toujours près de l’horloge, il se fait cette fois-ci beaucoup plus insistant. Il s’en approche dangereusement, renvoyant l’ombre de la mort sur la vie fragile du Massko. Puis sonne le glas. De son unique œil jaillit un rayon noir aux contours diffus violacés qui s’empresse d’annihiler l’horloge qui maintenait le pokémon en vie. D’un claquement de doigts, son destin s’efface et son existence se bouleverse. Bien avant l'heure.

Sans opposé la moindre résistance, il tombe sur le ventre, son regard faussement vitreux fixant le public.

Derrière lui, la mort le fixe d’un œil indifférent. Sans un bruit, elle continue de tourner autour des restes encore fumants de l’horloge. Son ombre envahie la scène, recouvrant tout sur son passage. Poussant un dernier soupire, le massko ferme les yeux au moment même où les lumières s’éteignent.

Dans le noir apparaît une dernière phrase dont les lettres rouges fluorescentes semblent couler le long du mur : « Nous n’avons pas toujours le temps. »
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Concours de Coordination n°32 - Le temps
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